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Pr. Henri MALDINEY

L'homme, la pensée

Séminaire ayant eu lieu en Alsace, dans la propriété viticole Anthylla

à Hunawihr du 4 au 10 août 2018 en présence de 15 personnes.

Séminaire en ré-ouverture à l'été 2025

Depuis le décès d'Henri Maldiney le 6 décembre 2013, j’avais gardé le silence pour donner du temps au recueil et à son écoute.

Sa parole et sa présence n'en sont devenus que plus intenses, mieux éprouvées.

Cet été 2018, caniculaire, a ouvert le temps du partage et de la transmission. 

Quel défi dans la mesure où enseigner sa pensée de manière académique la soustrait de son essence que seule la résonance peut déployer.

L’écriture d’Henri Maldiney déploie en effet les plis recroquevillés de la pensée

tout en convoquant silencieusement l’existant à exister sa vie.

Géniale, elle se démarque de toute instrumentalisation, de tous modes de donation objectale. Elle se donne là où elle se retire : dans les silences, dans les respirations, dans ce rythme qui vous prend ou, à défaut, vous laisse sur le seuil d’une intelligibilité close sur vous-même.

La pensée d’Henri Maldiney ne se réduit pas aux concepts qu’elle a engendrés malgré elle. Comment résumer les mots-souffles qui animent et habitent son écriture ? Dépourvus du rythme, de simples signes signifiants ne pourraient que desservir, dénaturer sa pensée qui résonne plus que raisonne, résonne avec ce que de l’homme étonne et surprend : l’exhortation à s’arracher de sa mondanéité obnubilante.

Henri Maldiney écrit en tant que témoin de la signifiance de l'Être qui le traverse et l'enveloppe irruptivement, signifiance qui bouleverse sa conscience et meut sa pensée à faire œuvre au plus proche de cette présence ivre de sentir. La transcendance de ses mots redimensionne de leur « signifiance insignifiable » l’objectif premier de la sémantique pour partager, au-delà du discours et du dit, une intuition aléthique et épiphanique.

Retiré dans son antre,

en dialogue avec une Å“uvre,

escaladant les sommets,

fuyant le brouhaha mondain

mais toujours ouvert à la rencontre, 

il habite le moment cosmogénétique d’une courbe, d’une saillie, d’un creux, d’une couleur, d’un regard, d’un geste.

Son écriture met le monde en mouvement ou en tension, dans un espace toujours prêt à frémir de l’apparition de l’Autre à même son champ de présence. Son œuvre en devient bouleversante d’accueil. Ecrire sans en prédéterminer le fond dont la phénoménalité scripturale met notre propre fond en abîme.

Pédagogue et professeur dans l’âme, il a toujours réussi le pari difficile d’harmoniser extériorité et intériorité, contenu et contenant.

Si Henri Maldiney n’interpelle pas le lecteur activement en s’adressant à lui à la deuxième personne, s’il ne s’implique pas plus à la première personne hormis dans son œuvre la plus intimiste et marginale « In Media Vita », le texte n’en demeure pas moins traversées interpellantes de la vie – la sienne comme la nôtre – dans lesquelles il y va de sa présence à l'espace ouvert du monde, traversées dont le foyer tensionnel nous convoque inlassablement au présent en incidence « je peux », « j’existe ». Un des tenseurs primordiaux de ce foyer et de sa pensée est la dialectique de la présence inéluctable du « vide » en nos vies, en amont et en aval de toute œuvre et sa déchirure-ouverture dont l’occurrence événementielle est l’apparaître.

Quelque chose m’apparaît dans l’Ouvert en tant que je suis « le-là » de son ouverture. Être témoin de cet apparaître, en devenir le grand épistolier sans destinataire sous-tend le retrait de sa propre personne, voire la désintégration du moi, le renoncement total à la défense du moi. Il ne s’agit pas d’instrumentaliser « l’apparaître » pour paraître. Le désétablissement extatique dans le vide exclut toute égodiastole.

A l’instar d’Henri Maldiney, ne peut le rencontrer, lui, son œuvre, que celui qui se donne à lui, à son œuvre dans une passivité transcendantale, dans une passibilité fondamentale, absolument indéterminable et sans détermination.

Pour s’exprimer avec autant de justesse, pour que ses mots plutôt qu’un signe soient un amer de l’espace, de l’espace de la présence, pour que ses mots ne fassent signe vers rien mais hantent tout, pour que son écriture, en energeia, en œuvre, embrase le sens, « je » doit disparaître en une egodiasystole comme la peinture de paysage est, en Chine, un art du disparaître. Y être sans laisser de trace si ce n’est celle d’une ouverture ! Telle est la définition même de l’écoute et de la présence-à dont la puissance allophanique ne touche jamais autant les écrits d’Henri Maldiney que lorsqu’ils existent l’amitié : Tal-Coat, du Bouchet, Kuhn, Binswanger, Schotte…

La transpassibilité, être passible de l’imprévisible, n’est pas une simple formule mais un irréductible, un trans-concept, une ouverture inaccessible telle la Voie (Tao) que nul n’emprunte en tant que route mais que l’existant éprouve en tant que « chemin. 

Oserais-je ? La Voie est au Taoïsme ce que la transpassibilité est à Maldiney. 

Voie et transpassibilité s’originent du Vide et y retournent. Ils font partie de ces termes qu’une langue forge sans jamais les coaguler dans le sens. Aussitôt formés, ils s’arrachent de tout conditionnement ou inféodation. Ils demeurent ante-prédicatif dans leur prédication. La problématique de la transpassibilité n’est pas de se détacher mais de ne pas s’y engager, s’engager dans le phénomène c'est-à-dire remplir ou colmater la phénoménalité. Pour habiter, il faut laisser du vide au Vide. 

L’habitation exclut l’adhérence, la possession ou la collection mais implique un « séjourner ».

La génialité maldinéyenne est d’offrir à l’ineffable un horizon de parole, une libre étendue à fleur et fond de signifiance qui demeure un non-lieu de l’étant.

En fréquentant les malades de l’hôpital psychiatrique de Lyon, Maldiney a pu au jour de ses analyses esthétiques restituer à ces êtres ce dont la psychiatrie les avait, in illo tempore, destitués : leur pouvoir-être. En deçà de toute pathologie, l’existence d’un psychotique possède une dimension pathique authentique dont les formes esthétiques sont l’unique logos. Un nouvel horizon de sens s’ouvre au fil et dans l’écart des mots : charge thymique, tonalité, climatique propres à chaque ligne, surface, tension spatiale, couleur, texture… sont-elles plus primitives que celles du mot ?

Lorsque Henri Maldiney se trouve là où seul le « où ? » prend sens, en présence-à, hors de l’étant et de ses repères, il écrit à même le vide qui le surprend. La véritable conscience est une conscience réceptive qui ne souffre aucun apriori. Son écriture est témoin de cette conscience qui n’est pas conscience de quelque chose car il n’y a pas d’intentionnalité dans le vide.

Afin de ne pas thématiser ou le moins possible sa pensée, je vous ai présenté, pour la première fois, des petits films que j'ai tourné lors de séjours chez lui à Vézelin ou lors de vacances à Madrid, à Amsterdam ou en Bavière. Nous redécouvrirons certaines de ses conférences ou interventions que j'ai également pu filmer. Nous lirons ses textes et, sans les analyser, nous les mettrons en résonance.

Son écriture est témoin d’une existence dont l’essence n’est pas sous la juridiction du projet. 

Tout comme Binswanger n’était pas inféodé à Freud, Maldiney ne l’est ni à Husserl, ni à Heidegger, ni… à ses lecteurs. Sa pensée est libre, sa conscience réceptive. Il n’a rien à démontrer, à valider ou vérifier mais demeure dans le « le-là » de l’ouverture de ce qui lui est donné.

Il a libéré la phénoménologie de ses phénomènes obsessionnels et de ses objectifs pour lui permettre de les atteindre : une manière d’être au monde qui laisse l’être et le monde se déployer dans leur propre phénoménalité, sans orientation ou manipulation du regard ou de la perception.

Nous y voici, enfin, réunis autour de sa pensée, celle du Pr. Henri MALDINEY

Merci, Lisbeth, Luis, Athanase, Claude de Bruxelles, Estelle, Philippe de Namur, Bernadette de Bordeaux, Yamina, Marie-Josée, Sylvie de Paris, Damien de Lyon, Arthur d’Hodister pour votre participation active, impliquée, pour avoir ouvert le Dasein à l’évènement du Mit-Dasein.

Au fil et dans l’écart du déploiement de sa pensée,

Interventions,

Remarques,

Sensations,

Evaluations…

S : Je suis contente mais je ne m’en contente pas. Je n’aime pas content… cela donne une sensation d’arrêt. Ce qui me plait c’est qu’il y a tjs du mouvement.

A : Je suis content d’être-là et de pouvoir me poser cette question.

F : j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps et de continuer à le perdre.

Ph : Je ne suis pas assez ouvert aux possibilités de l’existence.

B : Après avoir fait preuve d’une grande adaptabilité et de ce fait d’avoir réaliser des choses intéressantes, je réalise à présent mon rêve d’enfant que je n’ai jamais perdu de vue.

Y : Je suis contente parce que je suis vivante et libre. Je bute sur du fermé. J’ai une foi dans la vie et les rencontres.

Quel vertige ? 

Qu’est-ce que la liberté a à fonder ?

Cl : vertigineux d’exigence.

Ph : Cette liberté requiert pour l’étant l’absence de peur ou au moins un amoin-drissement de celle-ci. Au niveau thérapeutique, première approche du thérapeute : permettre au patient de faire face à ses peurs sans tomber dans un rassurement qui serait un renfermement …. Plus désastreux.

Pa : en institution, il faut être rassurant… en tant que psychologue… d’institution…

E : Au lieu d’ouvrir et de supporter le vide, le travail en institution va à l’encontre de cela.

M-J : projeter peut amplifier les résistances du patient… en même temps… de l’ouvert….

B : l’importance de la qualité de la parole. D’où parle le thérapeute ? Sa capacité d’être silence…

D : Cela vaut dans les deux sens… cette phrase…

E : c’est dans l’entre….

L : faire entendre

MJ : incarner

C : entonne

D : tinte

B : laisser entrevoir

Pa : violer

Art : exister

Ado : exister

S : existe

Ph : donner à entendre

Y : rythme

At : se retirer

Li : laisser subodorer

F : présentifier

E : révéler

Comment vous ressentez-vous en voyant cette vidéo d'Henri Maldiney ?

Y : Convoqué

F : Résonant

P : Inspiré

C : Rappelée

Ph : retrouvé

At : acclimaté

B : étrangeté confiante

MJ : animée

Li : intonnée

S : accomplie (presque)

E : convoquée

L : inquiet (au sens étymologique)

D : cheminé et cheminant

Art : éveillé

Ado : vibrant

B : la patence sauve l’artiste de la béance.

S : décel de l’étant souffrant dans la patence

L : vérité comme forme d’authenticité, s’exprime non dans le sujet mais se laisser passivement traversé par qqchose.

F : « est la vérité » cliquetique dans la phrase…

Y : l’art effleure, le corps danse

Li : l’œuvre d’art décèle l’étant à partir du pâtir de celui qui crée comme une vérité de l’artiste

MJ : l’art est témoin du vivant invisible

C : Décel du scellé

Pa : Même si je n’y connais rien… il est possible de se laisser toucher, d’être rejoint. Patence renvoie au franchissement pour permettre à la l’artiste de s’exprimer dans cette œuvre d’art.

B : la patence sauve l’artiste de la béance.

S : décel de l’étant souffrant dans la patence

L : vérité comme forme d’authenticité, s’exprime non dans le sujet mais se laisser passivement traversé par qqchose.

F : « est la vérité » cliquetique dans la phrase…

Y : l’art effleure, le corps danse

Li : l’œuvre d’art décèle l’étant à partir du pâtir de celui qui crée comme une vérité de l’artiste

MJ : l’art est témoin du vivant invisible

C : Décel du scellé

B : Il n’est pas nécessaire que cette phrase d’une puissance étonnante s’inscrive dans des expériences extra-ordinaires. Cela demande du courage, de l’endurance, de ne pas être aimé, d’endurer de la solitude, cela distribue autrement les cartes d’un système. Phrase puissante que j’aime beaucoup.

Li : Cela parle de l’arrachement, de la rupture et du devenir par ce saut qui va éclaircir l’exister.

Lu : En me tenant au texte : l’éclaircie… en dehors de l’obscur… Injonction du « il faut »… Hölderlin…. De « l’autre côté » nous appelle. C’est très fort.

C : L’écuyère sur le cheval… de Seurat… Juste avant de sauter… C’est là que tout a lieu…

S : J’étais sur l’aile d’un avion… et je devais sauter… j’avais un parachute. Nous décidions si sauter et quand sauter. En me recroquevillant, je me fermais et le choc m’obscurcissait… Si je m’ouvrais, je sautais dans le silence et l’immobilité de l’air.

MJ : Il faut…. Nécessité de se séparer… pour se projeter … le saut… un souffle… vide …

A : Ma nécessité de la vigilance… pvq le moment où tout est possible nous est donné… il faut être là.

Y : invitation irrésistible au possible impossible. Rupture sans filet. Inconnu à fonder. Déchainée.

F : la légèreté nécessaire. Pour nous sortir de nous-mêmes.

S : Faut-il sauter pour partir ? S’éloigner ne suffit-il pas ?

Li : Ce saut… dans l’être… pas nécessairement physique ? Dans l’invisible ?

Ph : Au contraire du saut, l’entrée dans l’Ouvert comme tel ne présente aucun risque. Est-il possible d’entrer dans l’Ouvert sans devoir sauter ?

Pa : Reste dans le tourbillon. Rien n’a lieu loin de l’éclairage commun. Il faut travailler.

E : « Viens » cela me bouleverse. J’y ressens l’espace, du temps, tout est possible… Je le retrouve aussi dans la peinture. Il y a deux espaces.

Art : Le saut c’est l’impulsion créatrice, un peu comme une crise qui permet l’ouverture des possibilités sans que ce soit une promesse.

D : Une phrase qui résonne… « Viens dans l’ouvert » … invitation… à franchir dans les limites. Il est temps de partir… Tout a lieu dans l’éclaircie … le saut… l’éclaircie de la décision… résolutoire. Conjuguer l’inattendu sans crainte… l’imprévisible… C’est très beau… ( pas le mot juste) émouvant.

Nous sommes déjà mardi 7 août. Le troisième jour du séminaire s’amorce. Quelles sont vos premières impressions ?

L : J’ai le sentiment d’avoir échoué sur une île oubliée, à la fois étrange et exaltante, avec un petit groupe de naufragés dont les univers intérieurs extrêmement riches ouvrent, chacun à leur rythme, des possibles insoupçonnés ; et au milieu de cette île se trouve une montagne vertigineuse, dont la cime se perd dans les nuages, et de laquelle émanent de mystérieux et évidents oracles, qui en réveillant des dimensions jusque-là enfouies, exigent l’ascension et sont puissance de transformation.

Y : Gravure blanche et ocre sur la pierre. De la grotte étroite, elle surgit dans l’immense désert. Rencontre. Où ? 

C : Dans le calme de Scheveningen, pas très loin de ma voisine « La jeune fille à la perle » que j’irai saluer comme à chaque fois… Ci-joint une sorte d’inventaire à la Prévert… Une petite phrase en forme d’ haïku à mi-parcours maldinéyen :

Arrivée à Ithaque …

La nuit se lève

Départ à dos de yak.

S : J’aimerais partager autour du silence, le miroitement irisé d'un silence percé du cri des hirondelles… ( il y a dans la pièce voisine un nid d’hirondelles qui se font souvent remarquer)

P : Etre fermé, devoir ouvrir... ou laisser ouvert. Le lieu offre un cachet propice à ce temps de partage unique. La transmission s'incarne en cheminant la pensée avec votre petit-fils.

B : « De quel lieu sourd donc la puissance de cette signifiance insignifiable

appelant la transmission par la voie d’ une parole intonée invitant au partage ? »

"La voie" est bien écrite.

Li : La parole d’Henri Maldiney m’invite à rester vigilante à l’ouvert, ne pas me maintenir dans ce que j’ai construit pour me protéger. Laisser s’enclencher la transformation sans obsession, sans donner une direction de sens. Penser à revenir à autrui. Suis-je à même d’affronter le néant sans le réduire, de désencombrer toute chose de ce qui ne lui permet pas de se relier à l’infini ? Pourtant le détour m’est nécessaire. J’opte pour "la réinscription de la souffrance dans la lumière du possible".

E : Quête vaine de lieux où habiter

Au commencement, les mots

Retour au souffle

Irréversibilité

F : "la légèreté est nécessaire pour nous sortir de nous-même"

"Englué dans la médiocrité. Je ne mérite pas la puissance de l’intelligibilité qui se donne ici

Convoqué dans la 3e dimension de la mise en rapport avec ma temporalité et des options.

Accepter le possible qui s’est ouvert. Déculpabiliser protestament le dinosaure par la grâce de Saint Stan.

Pour que l’avènement du trading de marge m’aide à accueillir l’existant en se retirant.

Place à la création spontanée et à son travail."

Art : Mise en abîme de l'essence de l'existant.

Emane du vide, le « le là » insignifiable...

Seul l'Instant est habité par le rythme.

Ph : La rencontre ne peut se donner que dans l’Ouvert.

D : L’ouvert,

En absence de moi-même,

J’entends l’ « Appel »

Sans me résoudre.

Qui est cet autre ?

E : l’autre, mon tremblement mais aussi mon possible

S : l’autre, celui qui me convoque à la présence

P : l’autre est le seul qui me rapproche de moi-même

Y : l’autre existe l’œuvre

C : l’autre, l’inaccessible

Li : l’autre que je ne peux changer, que je dois accepter tel quel et dont je ne peux pas faire fi.

Lu : l’autre est celui sans lequel je ne peux exister

MJ : l’autre, le point si éloigné… Rencontre

B : l’autre, que j’aime envisager, reste une énigme

S : l’autre comme point de disjonction

Pa : l’autre qui m’appelle à accueillir telle l’hirondelle qu’il convient non pas de chasser mais d’en contempler le vol gracieux duquel la présence fugace m’ouvre au soi.

At : l’autre dont je suis l’autre et qui reste cependant autre pour moi m’inscrit dans la rencontre au monde

Art : l’autre, cet étranger dont je me soucie peu mais qui, si je peux le rencontrer, m’illimite. Mais est-il encore autre ?

Da : l’autre, indéchiffrable

Ado : l’autre, signifiance avortée, l’autre, fossoyeur inespéré du moi

Trans-mettre…

                       N’est pas enseigner…

Trans-mettre…

Mettre en dépassement de soi

ce qui nous a transformé nous-même,

en l’occurrence pour moi, 

la pensée et la rencontre

d’Henri Maldiney.

L’art… ne s’enseigne pas…. 

 Pas plus que la philosophie…

Art et philosophie sous-tendent la transmission d’une conversion du regard

Et si Henri Maldiney ouvrait le « temps » à partir du Lieu-paysage,

                                              Mise en objeu du « où » normal, géographique.

Je ne pouvais lire « l’intime » et le commenter, l’analyser… Ce serait « une intrusion dans une existence en recherche de soi »… J’ai donc proposé à deux d’entre-vous de lire le texte proposé… C’est ainsi que chacun d’entre-vous a pu lire au rythme de son être, porté par son timbre. Nous sommes peu à peu entrés en résonance avec ce cheminement intime…

Que ressentez-vous au terme de cette parenthèse ?

L : proche de plus en plus proche

E : Au creux de l’absence… pas de manque, un espace qui s’ouvre

Li : Cette traversée de la vie de Maldiney dans ces nombreuses facettes que je n’avais pas encore découvertes. Cela me touche beaucoup.

F : Après l’expérience hypnotique, je me sens ailleurs. Ce qui me touche en cette journée, c’est ta rencontre avec Maldiney.

Y : Bouleversée par votre relation avec Maldiney, bouleversée par l’intimité poétique qui est née ici..

C : Maldiney était deux livres sur tranche dans la bibliothèque… et quelques mots comme « rythme, transpassible, évènement… ». Avec ce qui s’est passée cette après-midi, que ce sont devenus ces mots… Quelle force dans ce qu’il a écrit mais où vais-je les mettre ?

B : Résonance éprouvante mais non pas épouvantée présence d’un saltimbanque funambule.

S : Je réalise dans le dernier texte… s’éveille l’écho de la mélancolie et sans que je puisse vraiment mettre en mots ce dont il s’agissait… Je voulais photographier les espaces entre les maisons, ce qui m’a apaisé. Ces espaces… et la forme de lumière font que ces maisons qui pourraient m’étouffer ne m’étouffent pas.

At : Je sens que je commence à me détendre… je ressens que Henri Maldiney ne raconte pas n’importe quoi et je vais pouvoir commencer à le lire.

Ph : Ici peut bien disparaître la frontière entre philosophie et poésie, de même n’est plus à craindre pour l’être humain aucun no mans land.

Pa : in Media Vita m’est apparue comme une pomme sans bord. Cela fait du bien de vivre cette expérience, cela redonne sens à la vie. J’apprécie la mise en tension de votre relation au maître et au petit-fils.

Art : Je suis surpris par ces échanges toujours en quête de sens où finalement aucune condition n’est rédhibitoire dans le sfumato de Maldiney.

Cette distinction proposée par le Pr. Maldiney entre la route et le chemin est cruciale.

La « route » est celle que vous renseigne le gps avec ses coordonnées longitude et latitude. Elle a ses repères et ses reliefs, un temps et un prix pour la parcourir… mesurable, calculable. La route renvoie à la géographie.

Le « chemin » apparaît… Ce n’est pas un « je » qui marche sur un objet « chemin « . Le chemin est la voie de l’ouvert que je n’emprunte pas mais qui s’ouvre non au moi mais à l’étant pour qui il y a va dans son être de cet Être.

Cette différence peut être associée – mutatis, mutandis - à la différence ontico-ontolique.

Si vous avez pris la route pour arriver jusqu’ici, nous sommes désormais en chemin…

Le séminaire se termine sur la notion d’éthique, éthique qui ne peut – comme l’impose la morale – éradiquer la dimension obscure de nos êtres-au-monde. Si le « On » est une signifiance avortée, l’éthique questionne cette signifiance avortée au jour de l’évènement d’une signifiance insignifiable pour « réinscrire les souffrances incarnées dans la lumière du possible »Marie-Aude Delafoy

En venant en présence au texte, à la pensée d’Henri Maldiney, en rencontrant l’homme qui effeuille les orties, broie le conté, coupe l’ail, protège ses tomates, en écoutant sa voix, en découvrant son visage transfiguré par une petite souris qui courre sur un sofa dans un magasin… nous nous sommes intonnés, au-delà de toute géographie, au paysage de sa pensée.

Merci à vous tous… Passons à l’évaluation générale…

Mais avant…les participants ont tenu à organiser un suspens dînatoire… Damien a orchestré le repas, ses acolytes ont transformé le lieu de travail en lieu festif…

Impressions, partages avant le départ…

Y : Des voyages intimes.

J’ai été traversée de tempêtes et de beautés.

Le chemin de transformation par l’art s’éclaire par le fond. 

C : Dé-routée,

De la cadence de la marche à la dé-marche…Gradiva passe.

Fendue de haut en bas

Accepter la rencontre, les rencontres

Sans peur et sans reproches

N’écrire, dit-elle.

Départ à dos de yak,

Ado en yak,

Arthur mène Lao Tseu.

Merci à chacun, chacune.

L : Ce n’est ni prose ni poésie, juste une tentative de dire l’indicible dans cet instant.

En alternance, j’ai dégusté et enduré la parole de Maldiney et celle d’autres auteurs, tout comme les astuces techniques liées à la projection des textes et œuvres d’art.

Au fil des films s’est dévoilé le lien particulier qui s’est tissé entre Ado et le couple Maldiney.

Ce séminaire m’a permis d’apprécier bien plus l’être — Da-sein — Henri Maldiney.

Merci à Ado ainsi qu’à Arthur pour sa présence auprès de lui.

Merci à tous les êtres présents, en chemin au-delà de soi, sans lesquels ce séminaire n’aurait pas atteint autant de profondeur intense.

E : Entrelacement de trois intimes

sur fond de présence absence

entre inexprimé et inexprimable.

Devant une telle donation,

le souffle se fait court.

Infirmité d'un rendu impossible

éprouvé dans la chair.

Retournement de l'être.

L'expérience devient rupture

d'avec l'autre ravageant.

Seul, un tremblement persiste.

Une âme s'agenouille.

Lu : "Je tenais à remercier en premier lieu Ado de m’avoir accordé la chance de participer à ce séminaire et de vivre ainsi l’inoubliable événement de la transmission Maldiney-Ado-Arthur; et remercier ensuite tous les participants pour l’accueil merveilleux qu’ils m’ont réservé.

J’ai vécu cette semaine sous le mode de la « sortie de route » et de la rencontre aux multiples tournants d’un chemin insoupçonné.

Rencontre avec la pensée d’Henry Maldiney, qu’Ado a su rendre vivante, incarner et transmettre, tout en laissant une place essentielle à l’interaction de chacun de nous avec cette pensée à travers des moments d’expression individuelle et d’écoute résonante de l’autre.

Rencontre aussi avec la pensée en mouvement d’Ado lui-même, depuis l’époque de sa défense de thèse jusqu’à son ouverture actuelle à l’événement « harmonisant ».

Rencontre enfin de personnes vraiment extraordinaires qui m’ont donné le sentiment d’avoir vécu un événement unique et d’une puissance rare, où quelque chose de l’ordre du « nous » s’est donné.

Comme dans le bref et dense récit du décès de Chaos dans le Tchouang-tseu, j’ai ressenti la puissance de la parole d’Henri Maldiney dans sa capacité, pendant ce riche et trop bref séminaire, à créer en moi et en autrui, des ouvertures inespérées."

F : "Des cliquetis de l’âme,

Beaucoup d’intelligence,

Un peu de résonance

Un espace d’échange authentique

Une cuillère à soupe d’espérance japonaise

Bien mélanger pour une soupe sans grumeaux.

Amen"

Ph : "Chaque fois qu'elle s'est présentée, j'ai regardé cette peinture japonaise qui ouvrait ou refermait un chapitre de notre séminaire et j'y ai vu un détail neuf, inaperçu jusque-là. Il me semble qu'il en va de même pour les divers aspects de mon cheminement - grâce à ce "chemin de pensée" ou à ce "penser le chemin", grâce à ces autres qui cheminent ainsi qu'ils m'invitent à cheminer - et cette sensation diffuse, si malaisément exprimable d'être, ne fût-ce que par intermittence et trop rarement, un regard étonné, me procure un apaisement intranquille." 

B : Au risque de me fourvoyer dans le vocabulaire heideggerien et invitée de ce fait à aller endurer encore et encore la venue en présence de ses mots habités, j’oserai dire, que l’apport de votre séminaire accompagné puissamment par l’affleurement de la présence-absence du professeur-maître-sorcier Maldiney, portant la dimension de l’art à la pointe de l’être, fait encontre et résonance à des expériences-avènements vécus qui à nouveau m’ont laissé entrevoir dans le clair-obscur de ce lieu, une présence silencieuse-étourdissante. S’y tenir digne et sans complaisance.

Cette résonance ne peut être qu’éprouvante dans l’éprouvé et non pas épouvante m’invitant à continuer à tracer un chemin en propre.

La forme de haute tenue du séminaire qui s’est donnée, réussissant cette mise en œuvre puissamment pathique, tenant la gageure de laisser entrevoir par intermittences le lieu de ce « où » indicible et fondatif, m’invite à offrir forme à une expression authentique qui pourrait par instants en manifester le fond abyssal, tenant à l’avant de soi, telle le déplacement que nous fait sentir dans sa sculpture, le grand Giacometti, l’équilibre-déséquilibre à laquelle la marche nous invite….et peut-être, portée par un rythme imprévu, amener à la danse, les mots, soudainement.

Il m’avait été remis un jour par un homme étrange et inconnu, aux abords de Noël, abritant du parfum, des lèvres noires, signées Dali…Pudique et remplie à vrai dire de crainte, j’avais dans un premier temps refuser ses objets signés. Mais son insistance lumineuse en me les tendant, avait pu aisément mettre à mal d’ontiques considérations. J’ai accepté ce don qui depuis lors, n’a jamais cessé de m’interroger.

Il est temps ainsi de répondre à la question posée et restée en suspens, à laquelle il n’était ni temps ni lieu de répondre à l’avant de soi : avez-vous éprouvé Da-sein ?Dans l’écrin de ce séminaire, cet évènement me fait appréhender le temps différemment...

Ne pas oublier ces instants-là, parmi d’autres rencontres, marquées du saut de l’étrangeté, en résonance et en tension avec ceux vécus ici, tels des fils argentés s’éclairant aux intermittences du souffle, entrevus sans m’y perdre…

Y être à l’instant du « il y a »...Bénédiction...

Mais afin de ne pas tomber dans la fascination des artistes investis, à l’œuvre, vous, Ado, fils spirituel de Maldiney, (c’est ainsi que je le ressens et m’autorise à assumer mon dire) j’évoquerais le malaise éprouvé par moments, qui m’invite à la recherche et à la précision et qui fera certainement l’objet de mon mémoire, c’est l’ambivalence des mouvements entrevus, ceci étant peut-être dû au statut de la linéarité limitante du langage quotidien, entre ce qui relèverait de la recherche dans les archives, dans la cave, allant chercher le fond dans ces différentes strates, fonds provisoires et sans-fond, et le surgissement, le jaillissement émergeant d’un vide éclaté, qui vient d’ailleurs d’avantage me convoquer et qui ne peut relever d’aucune intentionnalité mais qui exige la vigilance des conditions d’être au monde de l’homme en présence, pour co-créer la possibilité qu’un monde continue à s’ouvrir, monde inconnu d’avance. Je souhaite avoir la possibilité de pouvoir bâtir sur ce point à l’occasion de mon mémoire de Daseinsanalyse, un espace relatif à la forme, l’informe en lien aux fonds et au sans-fond, différenciant ainsi les essences de vides en lien avec leur lieu originaire, portée par un rythme qui ne peut faire fi du « au monde » mais qui l’ouvre, se faisant.

En tension avec ces points, émerge une question qui me taraude : faut-il nécessairement préalablement l’auto-phanie de l’un pour que l’épiphanie de l’autre advienne comme s’il pouvait s’agir de deux entités isolées dans leur essence ou s’agit-il d’autres processus à l’œuvre, soumis à une autre espace-temps ?

Acceptant de rester sans réponse pour le moment ou pour toujours, je souhaite rediriger mon regard vers ce qui fut et restera pour moi ce séminaire : une danse d’une souplesse infinie laissant cependant entrevoir aussi les gouffres environnants, le rôle salvateur ou dévastateur des crises, les relations humaines chaotiques, les solitudes sans nom et la tentative funambulesque de donner à apercevoir un « au-monde » dans sa signifiance insignifiable.

Le risque encouru, c’est qu’après l’éblouissement de ce moment d’insondable mémoire, le quotidien paraisse d’une fadeur mortelle mais à chacun de nous de remercier sa capacité de différenciation vécue entre éblouissement et éclaircie, au sein même de la quotidienneté, s’y tenir et y apporter sa caresse pour que «es weltet » ne reste pas un vain mot mais s’incarne et rayonne à l’endroit du lieu de notre séjour. N’est-ce pas cela, exister et exercer aux milieux des multiples limitations, sa liberté...

Tournant le dos à des mots présomptueux, aux tonalités affreusement vides, vous avez su incarner un rythme et nous le faire sentir, celui qu’exige l’existence tentant de se maintenir en possibilité dans ses expériences limites jouant avec l’impossible.

Ce séminaire a abrité l’éclaircie que révèle les œuvres d’art…

Maldiney abrité dans son château et prenant garde à l’être de son existé, vous y conviant, ne s’y est pas trompé... Vibrante rencontre…

Merci infiniment d’avoir partagée avec nous ce moment de haute intimité…

Se confirme encore la raison sans raison qui guide mes pas vers ce lieu que vous nous conviez à manifester au monde…

Qu’Arthur puisse incarner, aidé par vos soins aimants, une parole singulière et créer un espace en lien qui échappe à la médiocrité ambiante. La tessiture de sa voix et la teneur de ses réponses peuvent laisser présager qu’il en pourrait être ainsi…

MJ : Pulsations rythmées par chaque mot du langage Maldinéen. Mon habitation reprend forme. La transmission incarnée de l'œuvre me creuse, les eaux de la source remontent, les larmes s'écoulent et le cœur bat, témoins de la résonnance, à Vous , à l'Oeuvre, à l'Art.

Pa : Dans l’espace apertural la fente médiane ne se donne qu’à celui qui infiniment – et par là en rien ne se donne – qui peut s’ouvrir aux traces accordées par l’harmonie cosmique dans l’entre-trois de nos expériences sur terre sous le ciel et encore parmi les hommes et les dieux, pour peu que jamais il n’oublie de porter le regard là où rien n’est vu, dans l’inouï le plus absolu, cet espace si proche qui pourtant nous rend étranger et à peine foulé le monde des fleurs et papillons-colibri.

Quelle puissante transformation est transpossibilisée par cette source à laquelle nous avons rendu hommage dans l’ombrage d’un ciel étoilé.

D : Trois têtes d’Ail et puis s’en va ! (cfr la vidéo où nous voyons le Pr. Maldiney préparer une soupe à l’ail)

Plus sérieusement, c’est un séminaire magistral qui se clôt et m’œuvre depuis son premier instant. Si le séminaire se clôt, le chemin emprunté se poursuit, dans l’Ouvert.

Henri Maldiney, sa pensée accompagne mes premiers pas en phénoménologie et constituait il y a huit ans mon seul horizon d’entendement de concepts aussi fondamentaux qu’ils me restaient inaccessibles tant du point de vue ontique, qu’ontologique. Cependant, le fond de sa « parole » résonnait en moi et éclairait mon intime obscurité ; expérience inédite que de sentir qu’une parole dont le sens échappe fait brèche sans effraction.

Cinq jours que cette parole intensifie son sillon, portée magistralement par toi Ado qui a su partager ce qui pouvait être profané : l’intime.

Hier, Henri Maldiney était une pensée, aujourd’hui oserai-je dire que j’ai pu, par ta proximale entremise, approcher l’homme dont même le quotidien ne l’était pas, lui donner l’épaisseur qui lui est propre et me permet d’autant plus d’en saisir la « Génialité ».

Après le seuil du premier séminaire d’été, révélation déflagrante d’un chemin d’élucidation de la question « Qu’est-ce qu’être homme ? » ; puis un second à Berlin, déflagration révélante de ma rencontre avec l’Art, ce huitième séminaire d’été en constitue le troisième qui m’émeut par la profondeur de ce qui m’ek-siste … il me faudra du temps pour revenir parmi les hommes après ce séjour entre érème et écoumène. ( Termes d’A.Berque)

Merci à chacune et à chacun,

Merci à vous deux Ado et Arthur dont la relation est en soi un enseignement,

Merci Professeur Maldiney d’ouvrir chaque être humain qui se risque sur le chemin de votre pensée à son humanité.

Merci Ado pour cette voie révélée que je subsumais sans en trouver le chemin,

Merci Ado d’être, par ton exigence, le « suscitateur » de ma pratique,

Merci Ado d’en être par un geste l’éclaireur, quand mon pied faillit sur mon chemin souvent périlleux.

Arigato Gozaimashita

At : Je quitterai ce séminaire avec, en premier lieu, le souvenir de la vie de groupe, le partage, la sensation de faire partie d’une dynamique plus grande que soi. Je pense que j’avais un peu oublié cette sensation ‘de faire partie d’un groupe’, car je travaille ‘en solitaire’ depuis pas mal d’années maintenant et me suis un peu trop retiré ‘du monde’. Probablement pour de bonnes raisons, du moins je l’espère, mais je redécouvre qu’un groupe n’est pas l’autre.

Ensuite, Henri Maldiney, les vidéos que vous avez montrées l’ont rendu vivant et m’ont décidé à le lire. Il revient souvent dans mes pensées depuis mon retour. Merci pour la manière dont vous avez partagé votre expérience et votre souvenir de lui.

A un niveau plus intime, ainsi que je l’ai déjà formulé en d’autres termes, je ressens, à l’issue de ce séminaire, comme jamais auparavant, le vide dans lequel ma présence se réinscrit et renaît à chaque retour de conscience, une sensation qui me poursuit depuis le deuxième jour, depuis lundi. Une sensation qui me nourrit. Un peu comme si le vide était plus plein que le plein.

Ar :

Au large de tout ici,

Sans Ailleurs,

La rencontre est suspendue hors de soi,

Au péril de l'espace,

Dans l'ouvert

Maldiney incarne et dit la « rencontre ». Il trans-fonde l'existant et dévoile le mystique. Ce séminaire est événementiel dans la mesure où, à travers la parole, il projette nos vécus dans l’Ouvert. A ce titre, il est surtout irréversible.

Surprise de ce groupe qu'anime l'intime. En faire partie fut une expérience très enrichissante. En observer l'articulation des échanges a été touchant... Ce fut un véritable privilège... Quant aux sources de la transmission-révélation, la pudeur est de rigueur : silence intonné

Au large de tout ici,

Sans ailleurs,

La rencontre est suspendue hors de soi,

Au péril de l'espace,

Dans l'Ouvert

S : Pour moi le chemin n’a pas été facile : doute, solitude

Hier, j’écrivais : « les mots qui se dirigent vers vous ne sont pas les mots que vous pourriez attendre, Rauques, échevelés, anachroniques, misérables et grandioses, ils tournent comme pour épuiser l’insignifiance qui m’opacifie. Ils peinent à s’élever vers la pureté d’un monde d’avant toute création, pour s’y dissoudre à jamais dans un néant sans ombre ni lumière. A moins qu’ils ne se déposent dans la douceur d’un cœur que rien n’affole.

Le tourbillon des mots de Maldiney, le ballet de leur signifiance. Ouvrir ? Se perdre ?

Je suis dans une compression en attente d’expansion. Laisser les mots faire leur travail. »

Fin du séminaire : ni compression ni expansion. Dépassement. Un passage, une traversée, une émanation d’un espace d’entre les mots. Un espace qui dilate l’être.

Merci Maldiney, merci Ado, merci Arthur et vous du groupe, merci à ceux avec lesquels j’ai partagé les lieux et le temps des repas ».

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