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ArtDo vous a convié du 5 au 7 juillet 2019 à 

questionner le cheminement de F. Verdier à l'aune 

de ceux rencontrés sur la route :

Tal Coat, de Staël, Van Gogh, Giacometti,... et Cézanne 

Fabienne Verdier

ne nous est pas inconnue.... 

Auteure de la "Passagère du silence", elle nous conte son périple initiatique en Chine où elle se formera durant dix années auprès d'un maître :

« Tant que tu n’auras pas réussi à donner vie au trait

horizontal, nous ne passerons pas aux autres traits, à l’écriture des caractères. L’unité du trait de pinceau est le fondateur. Souviens-toi du début du Classique de la Voie et de la Vertu de Lao Zi : « le un engendre le deux qui engendre le trois, qui engendre la diversité de l’existence. » 

Permettez-moi d'être convaincu qu'advenir à la présence d'une oeuvre nous ouvre un dialogue avec l'artiste, son parcours, son histoire, ses rencontres ! 

Les œuvres de F.V. incarnent son exigence, son cheminement, ses fulgurances... et, à ce titre, sa rétrospective à Aix-en-Provence devient un partage inestimable.

Quand j’insuffle l’énergie à un trait de peinture,

je suis de plus en plus fascinée par ce qui se passait à l’intérieur de ce trait de peinture. 

Fabienne Verdier

" Depuis un certain temps, j’avais fait, avec le pinceau, différente recherches, réalisant des traces qui me semblaient proches des énergies sonores, une expression de la matière et du souffle qui traversait l’espace. "

F.V. consacre sa vie à laisser la matière entrer en résonance tant avec l'Être que l'être de sa pensée. 

" L’expérience du peintre, c’est de faire un travail en soi pour être capable de transmettre ce qu’on ne sait pas de soi. Et être capable, au travers de la peinture, de livrer une expérience intérieure qui pourra apporter quelque joie à celui qui la regarde. C’est l’esprit, le premier, qui guide a peinture." 

Découvrir son oeuvre, c'est dès lors amorcer un chemin initiatique, s'ouvrir à un autre monde, se laisser porter par d'autres horizons.

SYNTHESE de notre rencontre...

Au commencement n'était pas pour nous le verbe mais l'exposition de Fabienne Verdier à Aix-en-Provence.

J'ai donc proposé trois jours de question-nement de l'œuvrer à partir du cheminement et de la recherche de Fabienne Verdier qui me questionne depuis plus de quinze ans.

Montagne St Victoire vue par F. Verdier

Dès la photo du catalogue,

la mise-en-scène est frappante,

le marketing, tapageur et

la recherche de l'artiste, bien que très intéressante; prévalente sur l'oeuvre elle-même.

Fabienne Verdier cite

St Jean de la Croix :

" Pour toute la beauté,

jamais je ne me perdrai

sinon pour un" je ne sais quoi"

qui s'atteint d'aventure".

et se réfère 

à son maître chinois, au taoïsme, au vide, à l'énergie, aux forces invisibles...

De là, une certaine perplexité...

Son oeuvre est belle, séduisante, attirante, dans l'air du temps mais… 

                                                                         il lui manque ce " je ne sais quoi" qui fait la différence.

La salle " Vide - Emptiness" où les blancs (ci-dessus) dominent ne nous convoquent pas - me semble-t-il - à cette sensation. Les blanc sont blanc…. et comme le souligne Lee Ufan, le blanc ne suffit pas pour incarner le vide.

Il ne s’agit pas du vide à proprement parler mais d’un lieu-ouvert de puissance où les actes, les choses et l’espace interagissent fondamentalement. Yohaku transcende les objets et les mots permettant ainsi aux hommes de séjourner dans le silence et, dès lors, d’humer l’infini. Lee UFAN

Deux toiles néanmoins résonnent

 " Branche d'arbre" 

et 

" Hommage à son maître".

(ci-dessous)

" Branche d'arbre" à l'entrée, au-dessus d'une vitrine, presque insignifiante mais qui libère "cette force invisible" dont l'artiste n'est ni le maître, ni l'instigateur, ni le traducteur... Petite toile qui ouvre de grands horizons...

" Hommage à son maître"; cette calligraphie du débutant " Ichi" - " Un". Le premier trait que le maître nous apprend à tracer et à tracer inlassablement... Ce premier trait qui déchire l'espace infini et le sépare en deux... Ce premier trait qui nous apprend à sentir le pinceau, à entrer en relation avec le papier, à apprivoiser l'encre et laisser harmoniser le tout en l'un... et l'un en tout... Une oeuvre toute en retenue... enfin. 

" Je détiens le nœud de la montagne, son cœur bat en moi " SHITAO

                 " La montagne pense en moi, je deviens sa conscience" CEZANNE 

« Comment se fait-il qu’au sein de ce monde terrestre, de ces heures humaines perdues dans un coin de l’univers infini, poussières parmi les poussières, il y a tout de même cet instant miraculeux où une clarté opportune vient au contact d’un objet anonyme, éphémère, emplissant le cœur d’un être tout aussi anonyme, éphémère, d’une indicible émotion… Ce fait si insignifiant n’est-il pas tout de même un signe par lequel la vraie vie nous fait signe, pour nous signifier que la vie est un don inouï qui résulte d’une rencontre inouïe "  

François CHENG Le livre du vide médian

                                           " Le vide : ce néant qui se résout en infini " Antonin ARTAUD

Fabienne Verdier ne s'est-elle pas perdue dans la mise-en-scène de sa propre recherche, dans cette exhibition détaillée de son cheminement, bien étrange pour une taoïste en recherche du vide ? Et ce, au détriment de " ce fait si insignifiant", de ce "je ne sais quoi"... 

Cette perplexité prend toute sa mesure lorsque nous découvrons les Tal Coat ( ci-dessous) de la collection permanente. Humble puissance des blancs qui déchire le tissu de l'espace-temps pour nous convoquer à l'évidement de soi. " Je" se retire et entre en présence absolue la présence de l'œuvrer.

Durant tout notre séjour, le cheminement de Fabienne Verdier nous a accompagné en créant un dialogue avec les autres artistes dont un fit évènement : 

Nicolas de Staël…  

Et plus rien ne fut pareil…

Oeuvre ci-dessus : Marine" 1954 - Musée Granet XX

Collection Jean Planque

" Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture." Nicolas de Staël

Nicolas de Staël (1914-1955) a quitté la vie à l'âge de 41 ans après avoir mené la peinture à une incandescence inconnue jusqu'alors. 

Jean-Claude Marcadé

Enfin l'opéra… ex-ceptionnel, le texte de Bertold Brecht, la musique de Kurt Weil, la mise en scène de Van Hove, l'orchestration… 

Dernière phrase du livret chantée en mélopée… 

" On ne peut rien pour personne".... 

en effet "ON" ne peut rien pour personne…. seul celui qui existe son "On"... en habitant le "là" ouvre un espace-temps qui accueille la présence de l'altérité…

Cheminement intense que celui de ces trois jours, inattendu… surprenant…. Merci à toutes et tous...

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