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Quand : Samedi 5 mai 2018 de 10h15 à 20h30

Où : Paris

Quid : Découverte d'un des pionniers de l'art informel, FAUTRIER au Musée d'art moderne et de l'abstraction, KUPKA, au grand palais.

Description : Un séminaire de préparation, la rencontre de l'oeuvre, une conversion du regard, une écoute de ce que Fautrier et Kupka nous laisse entendre... Une inititiation à l'abstraction et l'art informel. 

Acompte demandé : 150 euros à verser avec la mention " ArtDo Paris 05-18"

Jean Paulhan, critique d’art et ami de Fautrier disait :

« Mais que dire d’un Braque ou d’un Fautrier qui tout à la fois, d’un même mouvement, montrent et ne montrent pas,

invitent et refusent, forment la clarté et l’éteignent,

donnent le sens – et c’est un autre sens qui est le bon.

Que dire sinon qu’avec eux commence et se fonde une peinture,

qu’il faudrait appeler la peinture de la part obscure ou du contresens»

KUPKA - PIONNIER DE L'ABSTRACTION - PARIS - 2018

František Kupka est né en Bohême orientale en 1871 dans une famille d’origine modeste. À cette époque, le peuple tchèque était rattaché à l’Autriche-Hongrie. Formé à l’artisanat, le jeune garçon, très inventif, rêve de devenir peintre. Il apprend à peindre en autodidacte avant d’intégrer l’Académie des beaux-arts de Prague en 1889. Kupka s’installe dans les années 1890 à Vienne, l’une des principales capitales culturelles et artistiques d’Europe. Il découvre Klimt et la musique wagnérienne.

Kupka arrive à Paris en 1896 et s’installe au cœur de la bohème montmartroise. Pour gagner sa vie, il travaille dans le milieu de l’illustration pour la presse et contribue à des titres anarchistes comme L’Assiette au beurre. Marié et installé à Puteaux, il fréquente le groupe de Jacques Villon et se rapproche dans les années 1910 de Duchamp, Picabia, Metzinger et Gleizes, la jeune école cubiste. Kupka est passionné de biologie, d’histoire et d’archéologie.

La vie de Kupka est marquée par la Première Guerre mondiale. Engagé volontaire dans la légion étrangère, il soutient l’indépendance de la République tchécoslovaque, en 1918. Combattant puis réformé, il participe activement à la propagande anti-allemande et épouse les combats des nationalistes. Pendant cette période, son travail sur l’abstraction est mis entre parenthèses mais le peintre renoue avec ses ambitions dès 1919. Nommé professeur à l’Académie des beaux-arts de Prague, il revient en France et participe à la création du groupe Abstraction-Création pensé par Auguste Herbin dans les années 1930.

La Seconde Guerre mondiale est pour lui une désolation. Réfugié dans le Val-de-Loire, Kupka participe de nouveau à des œuvres de propagande en faveur de la Tchécoslovaquie envahie. Dans les années 1950, l’artiste voit la reconnaissance de son travail. Il est l’une des grandes figures du Salon des Réalités Nouvelles organisé chaque année à Paris et son œuvre est montrée à l’international. Kupka s’éteint d’un cancer en 1957, à l’âge de 86 ans.

FAUTRIER : LUMIERE ET MATIERE - PARIS - Palais d'art Moderne - 2018

La portée méthodologique de ce constat est simple et énonce qu’une obsession — ici celle du visage — est infiniment plus puissante que des catégories formelles instruites. Ainsi la notion d’informel voudrait « absorber » l’œuvre de Fautrier. Les Otages témoignent de l’invalidité d’une telle catégorie formelle, formaliste. Elle suraffirme par ailleurs ce lien évoqué pour penser l’œuvre comme le tenant d’une contre-intentionnalité. Malraux préfaça l’exposition Les Otages à la Galerie Drouin : « L’Otage qui donne la clef des autres, c’est le grand otage sculpté. Plutôt que des tableaux de Fautrier, ces figures viennent de sa sculpture. De sa sculpture qui a trouvé, dans le supplice, ce qu’elle a longtemps cherché en vain : un moyen d’incarnation. L’art des premiers otages est encore “rationnel” : des figures mortelles qu’un trait simplifié, mais directement dramatique, tente de réduire à leur plus simple expression — et ces couleurs plombées, depuis toujours celles de la mort. Mais peu à peu Fautrier supprime la suggestion directe du sang, la complicité du cadavre. Des couleurs libres de tout lien rationnel avec la torture se substituent aux premières en même temps qu’un trait, qui tente d’exprimer le drame sans le représenter, se substitue aux profils ravagés. Il n’y a plus que des lèvres, qui sont presque des nervures ; plus que des yeux qui ne regardent pas.

la série des Otages est tout le contraire, elle transcende la question de l’abstraction, relègue la question du tableau. Les corps meurtris qu’on ne peut plus dire corps sont prisonniers d’un espace qui coïncide avec celui du tableau et, par cette co-présence, annule l’idée de format.

ces corps peints sans être représentés, parce qu’ils ne sont plus que l’épreuve de la douleur, l’épreuve de la chair, dénoncent et déjouent toute représentation.

L’œuvre n’existe pas comme Autre mais selon l’Autre. Ce que nous voyons est la preuve qu’il peut y avoir une chair sans corps au-delà du corps.

c’est bien une seule et même chair suppliciée que Fautrier, dans un geste chaque fois recommencé, essaye de retenir, de protéger.

j’éprouve une forme d’universalité de la douleur.

Fautrier la chair de l’émotion, Jean-Paul Ledeur

Fautrier n’a sans doute jamais su que, grâce à lui, un destin allait totalement bifurquer, qu’étudier “sa” peinture ferait que je me consacrerais à peu près totalement à l’étude des œuvres, techniques et matériaux de notre époque. »

L’œuvre, ici, est donc toujours un travail sur la perte de l’origine, si l’on m’accorde à nouveau que le visage n’est jamais l’objet de l’intentionnalité mais son origine.

pour Fautrier en revanche, le matériau s’institue à l’encontre de toute logique de la mimesis : non pas là pour servir la représentation, pour guider vers la ressemblance, mais utilisé comme lieu privilégié d’un sentir, celui où une figure — corps ou visage — peut s’incarner.

Que cet accès à Autrui ait eu lieu dans la douleur d’Autrui, une douleur littéralement invisible — irreprésentable — fonde le mystère de la série des Otages.

Il peignait en entendant les bruits des exécutions dans la forêt toute proche. C’est le bruit des exécutions, l’attente, l’impuissance, la menace et la révolte que nous retrouvons dans ces œuvres. Et dans la plupart je lis le silence et la détresse de l’aube.

Fautrier ne nous donne aucune image de l’atroce mais ouvre à l’épreuve d’une chair humiliée, souffrante, vaincue et cependant glorieuse.

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